vendredi 4 juillet 2014

Critiques

Dans la Voix du Nord du 25 septembre 2014


«Une vieille affaire» toute récente




Originaire de Lesquin, Nicolas-Raphaël Fouque, jeune père de famille, est directeur d’hôpital mais consacre son temps libre à l’écriture. Après Le Crâne de Boulogne, en septembre 2013, il vient de publier un deuxième roman policier, Une vieille affaire (1), qu’il dédicacera ce samedi aux rencontres Polar en Nord de Faches-Thumesnil.

On retrouve dans cet ouvrage quelques personnages du premier volume. Notamment une journaliste attachante et culottée, Camille, qui avance dans son enquête et découvre des choses en même temps que le lecteur.
« Mais on peut lire cette histoire indépendamment de l’autre », précise l’auteur, passionné de polars depuis l’enfance. « Il s’agit bien sûr de fictions mais inspirées de situations et de personnages réels. » le lecteur comprendra vite de quels hommes politiques hauts en couleur on parle dans Une vieille affaire où politique, sexe et faits divers s’entremêlent dans un suspense bien maîtrisé.

Couleur régionale

Cerise sur le gâteau pour un lecteur de la métropole, plusieurs scènes se déroulent dans des endroits calqués eux aussi sur de vrais sites : la maison du grand-père de l’auteur à Saint-André ou les carrières de Lezennes qui abritent, pour corser le récit, une bien curieuse boîte de nuit. Des éléments régionaux qui ont contribué à convaincre les éditions Ravet-Anceau, de Villeneuve-d’Ascq, spécialistes du polar nordiste (2).
Nicolas-Raphaël Fouque espère partager le plaisir qu’il a pris en travaillant le soir sur ce roman, environ une demi-page par jour. Il s’astreint à respecter un rythme soutenu d’écriture à partir du « scénario » précis qu’il a élaboré. « Scénario est le mot juste car j’essaie d’écrire les scènes dans l’optique de leur transposition sur un écran. Voilà aussi pourquoi on trouve beaucoup de dialogues dans mes livres… »
Le comédien qui préface le livre, Nicolas Marié, ne s’y est d’ailleurs pas trompé, estimant que la valeur principale du roman est « son style d’écriture cinématographique ». À savoir la fluidité, la précision, les phrases courtes et le rythme soutenu qui devraient plaire à pas mal de lecteurs.
JEAN-MARIE GUICHARD

http://www.lavoixdunord.fr/region/lesquin-une-vieille-affaire-toute-recente-ia28b50432n2399207

(1) Aux éditions Ravet-Anceau. 11 €.

(2) Voir www.ravet-anceau.fr

Sur le site babelio.com

J'ai atteint la 234 ième page de ce roman hier et c'est avec regret qu'on arrive à la fin. C'est vraiment très très bien !
Le style est alerte et le microcosme politique y est formidablement bien décrit. On s'amuse à faire des comparaisons avec les anciens ou actuels politiques, tout parti confondu. Bien que le sujet soit grave, ce livre laisse à chacun la liberté, à tort ou à raison, de se remémorer certains événements du passé et peut être le douloureux constat que la réussite politique passe immanquablement par une totale immoralité.
Le lecteur peut choisir, à loisir, des ides de Mars à l'étang de la forêt de Rambouillet, l'assassinat de celui qu'il voudra pour en conclure que la quête du Pouvoir sert les complots les plus abjectes.
Bref, un roman intemporel qui a le mérite de mettre l'accent sur une évolution notoire : celle de la supériorité du financier sur le politique qui n'est plus que son serviteur.....
J'ai passé un très bon moment. J'avais lu auparavant Le crâne de Boulogne du même auteur. J'avais particulièrement apprécié. Avec cette "Vieille Affaire", Nicolas-Raphaël Fouque est encore meilleur. Jamais 2 sans 3 : j'attends donc avec impatience la suite !!!




Sur le blog d'Yves Mabon et sur les 8 plumes de l'Express




Camille Trencavel, journaliste part enquêter sur le viol et l'assassinat d'une jeune fille à Lille. Dans le même temps, dans la même ville, le Président du Sénat est mourant, empoisonné au polonium. Toujours au même endroit, mais quelques semaines auparavant de violent heurts ont eu lieu entre CRS et manifestants du Bergala qui protestent pacifiquement contre le commerce des armes dans ce pays qui profite à la France malgré un embargo, leur leader a disparu depuis deux mois lorsque son corps est repêché dans le fleuve.

Retour de Camille Trencavel déjà rencontrée dans Le crâne de Boulogne. Et la voici qui patauge dans un monde glauque, celui des compromissions et des affaires, des magouilles et des dossiers, des arrangements entre amis, tout cela au nom du pouvoir politique. Virgile Acarmone est Président de la République, il en est à la fin de son second et donc ultime mandat, mais en faire un troisième le titille sérieusement. Il fait tout pour que Maximilien, son frère soit le prochain candidat, pour garder le pouvoir dans la famille, on ne sait jamais, il pourrait retrouver sa place ensuite... Dans le même temps, Maximilien magouille pour être élu Président du Sénat, d'autres veulent être ministres voire le premier d'entre eux, puisqu'un remaniement est en cours. Se greffe là-dessus une histoire d'héritage industriel du plus grand fabriquant d'armes français. A ce niveau, tout le monde a quelque chose à s reprocher et chacun a un dossier sur son adversaire politique. Haines, rancœurs, hypocrisies, ambitions et jalousie sont les maître-mots de ce monde que décrit NR Fouque. Il invente bien sûr, emprunte à divers personnages pour fabriquer les siens -pas forcément en France, on n'a pas encore eu de Président désireux de changer la Constitution pour faire d'autres mandats, ce qui donne une impression de réalité et d'anticipation qui peut dérouter mais qui, une fois le pli pris donne un contexte formidable. Il faut juste faire un petit effort. NR Fouque est comme je le disais à propos de son premier roman et comme le dit Nicolas Marié dans la préface (vous ne pouvez pas ignorer qui est Nicolas Marié, ce serait une faute de goût : c'est un acteur absolument génial, notamment dans les films d'A. Dupontel : un médecin alcoolique dans Le vilain, ou un irrésistible avocat bègue dans 9 mois ferme, mais aussi un salaud hirsute dans Micmacs à tirelarigot de JP Jeunet, entre autres), NR Fouque disais-je donc avant de me faire interrompre par un extrait de la filmographie de N. Marié, est un auteur qui fait appel à l'intelligence du lecteur :
"Nicolas-Raphaël Fouque a ce talent tout à fait étonnant de nous emporter dans son roman policier avec pour code d'expression majeur les dialogues. [...] Quelle légèreté cela confère à son roman ! Quelle confiance il fait à l'intelligence de son lecteur ! Il ne reste plus alors qu'à se laisser entraîner par les images que chacun ne manque pas de se construire pour alimenter son imaginaire. C'est un peu comme si Nicolas-Raphaël Fouque commandait à chacun de ses lecteurs de se faire sa propre traduction de son roman en images." (p.6)
Là, j'opine, je branle du chef et j'applaudis des deux mains -parce qu'avec une seule ce n'est pas évident !-, le lecteur est obligé de se faire ses propres images, car NR Fouque décrit très peu, quelques mots par personnage, juste des silhouettes ; de même, on passe d'une intrigue à l'autre, d'un jour à un autre ou d'un lieu à un autre (mais les indications temporelles et géographiques sont notées en tête de chaque sous-chapitre, ouf !) ; l'auteur procède par ellipses, par images que l'on doit relier entre elles : "Dans son grand labyrinthe d'images vous allez être balloté, écartelé, compressé. Et vous n'en sortirez pas indemne. Le point final vous trouvera ému, en colère, étourdi, cabossé." (p.6) Que dire de plus que N. Marié ? Rien ! Je vous laisse donc avec ce bon conseil de lire ce polar (et même si vous êtes tenté, avant, lisez Le crâne de Boulogne) et avec l'espoir que l'adaptation télévisuelle ou cinématographique dont parle Nicolas Marié puisse voir le jour. J'en suis... enfin, en tant que spectateur bien sûr


http://lyvres.over-blog.com/article-une-vieille-affaire-124375372.html